- DELLA ROBBIA (LES)
- DELLA ROBBIA (LES)DELLA ROBBIA LESLa famille des Della Robbia offre l’un des plus remarquables exemples de continuité au sein du Quattrocento puisqu’elle compta quatre générations d’artistes qui consacrèrent leur activité à une même technique, celle de la sculpture en terre cuite émaillée (terracotta invetriata ).L’ancêtre, Luca di Simone di Marco (1399 env.-1482), avait connu d’abord des réussites éclatantes dans le domaine de la sculpture sur marbre (cantoria du dôme de Florence, 1431-1439, aujourd’hui au museo dell’Opera del Duomo; médaillons pour le campanile, 1437-1439). Il fut aussi occasionnellement bronzier (porte de la sacristie des messes, Dôme de Florence). Mais, à partir de 1440, il se consacra principalement au modelage de grandes compositions en terre cuite recouverte d’émail vitrifié, ce qui leur assurait un éclat pratiquement inaltérable tout en les protégeant des injures du temps (Résurrection du Christ , 1443, Ascension , 1446-1450, pour deux tympans intérieurs du Dôme de Florence, Retable de la Crucifixion , Santa Maria dell’Impruneta). Il exécuta des sculptures polychromes de ce type pour deux des ensembles les plus prestigieux et les plus parfaits de la Renaissance florentine: la chapelle des Pazzi, à Santa Croce (médaillons des évangélistes) et la chapelle du cardinal de Portugal à San Miniato al Monte (médaillons de la Trinité et des Vertus cardinales). Mais de son officine (bottega ) sortaient aussi d’innombrables sculptures de toutes dimensions, profanes ou religieuses, caractérisées par l’emploi d’émail blanc pour les figures et d’émail bleu pour les fonds, tandis que les guirlandes de feuillages et de fruits qui formaient souvent les encadrements étaient traitées «au naturel» (vert, jaune, brun, violet). Cette technique était appliquée à des objets parfois modestes, tels que des armoiries ou des tabernacles à usage liturgique, mais Luca n’hésitait pas à rivaliser avec la grande sculpture en marbre (Groupe de la Visitation , église Santa Maria Fuorcivitas à Pistoia) ou avec la peinture (Vierge à l’Enfant dite Tondo dei Cappucini , musée du Bargello, Florence).Cette dernière ambition est encore plus accentuée chez son neveu Andrea (1435-1525), d’abord collaborateur de Luca, puis chef de la bottega après la mort de son oncle: les retables qu’il exécuta, en 1479, pour le couvent des franciscains de la Verne reprennent dans leur composition tous les poncifs de la peinture florentine contemporaine. Le style d’Andrea n’a pas la noble simplicité de celui de Luca. L’énorme succès de la bottega impliquait d’ailleurs une production presque en série et, faute d’avoir le temps d’inventer, Andrea se répétait ou empruntait sans vergogne les compositions d’autres artistes (Ghirlandaio, Lorenzo di Credi entre autres). Il avait cependant au début de sa carrière (1463-1466) exécuté les émouvantes figures d’enfants emmaillotés qui ornent les médaillons de l’hôpital des Innocents de Florence.Sous la direction de son fils Giovanni (1469-1529), la bottega survécut encore quelques années; la dernière œuvre importante exécutée en terre émaillée fut la célèbre frise de l’hôpital del Ceppo à Pistoia: la palette des émaux y est assez riche et les scènes représentant les «œuvres de miséricorde», dues en partie à deux collaborateurs de Giovanni Della Robbia, Santi et Benedetto Buglioni, ne manquent pas de pittoresque.Un autre fils d’Andrea, Girolamo Della Robbia (1488-1566), vint faire carrière en France. Il est généralement considéré comme l’architecte du château de Madrid bâti par François Ier à son retour de captivité (1527) et aujourd’hui détruit. Il semble que Girolamo, fidèle aux traditions familiales, avait réservé un rôle important aux terres cuites émaillées dans le décor des façades qu’il exécuta aidé de son frère Luca (1482-1547). Girolamo Della Robbia est aussi l’auteur du saisissant Transi de Catherine de Médicis (Louvre), destiné au tombeau de Saint-Denis, et que l’artiste laissa inachevé sur l’ordre de la reine.
Encyclopédie Universelle. 2012.